jeudi 12 septembre 2013

Le Sud Sauvage



A peine rentrés de métropole, nos hôtes nous ont fait le grand plaisir de nous emmener vers le sud pour une belle journée de découvertes. Voici notre itinéraire. C'est par St joseph que nous sommes entrer dans le Sud Sauvage. Là, on s'approche du bout de l’île avec sa côte rocheuse découpée en incisives, surplombée par le Piton de la Fournaise pour continuer vers St Philippe, terre d'épices et de vanille où l'on peut encore profiter de la forêt primaire. Et enfin, on traverse la zone la plus fascinante en allant sur St Rose avec Le Grand Brûlé, enchaînement de coulées de lave qui se jettent dans la mer et agrandissent l’île à chaque éruption volcanique. 
Nous avons appris en chemin des tonnes de choses, bien sûr...comment vous en livrer l'essentiel ?

Avant d'arriver à St Joseph, la nationale offre de magnifiques points de vue sur un littoral tourmenté mais également un paysage « chlorophyllé » étonnant...on sent arriver le Tropical ! Habitée depuis le milieu du XVIIIe siècle seulement, St Jo fut le premier port d'attache de colons considérés comme des explorateurs (on parle encore des « petits blancs »). Des terres riches, un climat arrosé, une mer généreuse furent les conditions idéales de leur installation et du développement de l'agriculture sur d'immenses domaines dont le plus célèbre est celui de Kervéguen. Ce riche propriétaire possédait un tiers de la Réunion au XIXe siècle et avait même fait frappé sa propre monnaie !
On traverse donc des champs de cannes à sucre et de plantations fruitières comme l'ananas, la papaye, la banane, la noix de coco...il nous faudra monter dans les Hauts pour découvrir les épices et les légumes de la plaine des Guégues (à suivre dans un autre article...). 

La saison de la récolte de la canne bat son plein (de juin à décembre), il est donc courant de croiser d'énormes tracteurs chargés à bloc partant vers les plates-formes de transbordement (il y en a une à St Pierre en montant vers le Tampon) pour vérifier leur taux de sucre (la canne plus sucrée est la canne bonbon noire) puis vers les usines sucrières (St André et St Louis). Bref, comme d'hab, on a voulu goûter...pas bon du tout, ici, la canne sert à faire du sucre, du rhum et de l'électricité verte dans des centrales thermiques bagasse-charbon...ne me demandez pas comment ça fonctionne, faudra demander à l'Homme mais c'est vrai, je l'ai lu dans mon guide encyclopédique de La Réunion.


Bon, revenons à notre balade...Sur le bord de la route, les cases sont très colorées et les jardins luxuriants...je me demande à quoi cela va ressembler quand l'été va réveiller Mère Nature, j'en ai déjà plein les yeux ! J'apprends de mon hôte-chauffeur et guide que les plantes rose/marron que l'on retrouve devant chaque maison sont des cordylines

et qu'elles symbolisent la limite que l'étranger ne doit pas dépasser quand il entre seul sur le territoire familial...je ne sais pas si cette coutume fait encore sens mais il est vrai que l'on voit cette plante dans tous les jardins alors, j'en déduis qu'à La Réunion, il n'y a pas de sonnette et que l'on fait des vocalises devant le portail en attendant que quelqu'un vienne ouvrir !

Ensuite, on s'est arrêté dans la Basse Vallée, au Cap Méchant, se rendre compte de plus près de l'état de ce rivage de lave noire, rugueux et battu par l'océan Indien...magnifique! On mesure le sens du mot « sauvage »...même pas envie d'aller baguenauder sur les langues de basalte qui s'avancent dans la mer ! 
 




Sur plusieurs kilomètres s’enchaînent des puits : puits des Français, des Anglais, puits Arabe...bref, si j'ai bien compris, ils furent percés en bord de mer là où affleure la nappe phréatique car ici, malgré l'humidité ambiante, l'eau peut manquer quand les sources des Hauts s'infiltrent trop rapidement dans les sols poreux en amont. 


Par contre, on s'est régalé du « gazon bord de mer », constitué de Vacoas (ressemble au Yucca mais avec des racines à l'air libre) et de Filaos (ressemble au Tamaris). Juste quelques mots sur le vacoa : on tresse ses feuilles pour faire des nattes, des paniers et des sacs à bretelle ( ça s'appelle un sac bertels) et on peut manger son cœur (à la jointure des feuilles) et ses fruits appelés pinpins...pas encore tenté l'expérience !


Nous avons fait notre second arrêt, sur la route des laves, juste après le Tremblet, dernier village habité avant le no man's land du grand Brûlé, long d'une bonne quinzaine de kilomètres.
C'est là que toutes les coulées de la Fournaise aboutissent et sont repérées par des pancartes notant l'année de chaque éruption. La plus grosse de l'histoire de l'Île est celle de 1998, détrônée par celle de 2007, provoquant à chaque fois le changement du tracé de la route. Il arrive que certains écoulements se déversent hors enclos comme en 1986 (vers Takamaka et Citrons-galets plus à l'est) et que La Réunion gagne alors des hectares sur la mer ! 


Le jour de notre passage, pas de fumée s'échappant de la Fournaise plutôt emmaillotée d'une écharpe de nuages qui aurait pu nous annoncer un  imminent feu d'artifice, pas d'embouteillage de curieux ou d'amateurs de sensation forte...juste du caillou qui gratte, du soleil et des embruns ! 






 Mais aussi des lichens, des fleurs, des petits arbustes...le cycle de la vie végétale qui reprend le dessus...très encourageant car après quelques décennies, la forêt basse ne laisse aucun trace de la fureur du volcan ! 

J'allais oublier "La Vierge au parasol"...elle se tenait là fidèle à son rôle protecteur, ayant déjà évitée quelques coulées intempestives à la sortie du Grand Brûlé...puis en 2002, les fidèles ont décidé de la déménager sur Ste Rose, village plusieurs fois traversé par des coulées de lave...près de l'église, miraculeusement épargnée par l'une d'entre elles en 1977 ! Peut-être aura t'elle plus de chance à cet endroit, en dehors du bassin naturel d'écoulement du volcan, pour assumer sa fonction , n'est ce pas ?


 



Notre troisième étape fût l'Anse des Cascades avec pique-nique et randonnée d'1h45 par le sentier littoral jusqu'à Notre Dame des laves à Ste Rose (la fameuse église miraculée!). 









Le site de l'Anse est vraiment superbe, planté d'immenses cocotiers en bordure d'une crique avec falaise de basalte, végétation tropicale en cascade et barques de pécheurs...vous imaginez le tableau ? 
















On a déjeuné comme des princes, bien que l'on n'ait pas encore adhéré au modèle créole...alors c'est quoi le pic-nic créole ? Et bien, des cocottes regorgeant de carri, des gamelles de riz à gogo, un feu de bois avec quelques animaux domestiques à griller, de la Dodo Lé La, du rhum à la limite, des fauteuils, des nattes, des tissus tendus pour se protéger du vent, un groupe électrogène pour la musique et...environ 20 personnes + la marmaille, à moins on n'est pas vraiment dans la norme...et sûrement encore, des tonnes de choses que je n'ai pas vu car nous n'avons pas encore eu la chance de participer à cette grand messe dominicale ! Ça viendra et je vous raconterais...



 
La balade littorale fut agréable, facile puisque plane...l'occasion de se retrouver seul dans sa tête au milieu des fougères arborescentes et autres essences tropicales... contemplatif et méditatif ! 



 





Je fus bien contente que les Hommes aient pensé à emmener une des 2 voitures à l'arrivée pour éviter un retour à pied car la fatigue m'est tombée dessus, vieillissante et non encore acclimatée à ce rude pays de cocagne (même en hiver!) et j'ai bien profité de l'heure et demi du trajet de retour vers St Pierre pour m'assoupir un moment...inespéré...je peux donc confirmer que c'était vraiment une belle et bonne journée.
A bientôt.

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