vendredi 2 mai 2014

LECTURES suite

MAJ SJÖWALL- PER WAHLDÖ « La chambre close » et « L'assassin de l'agent de police »- Collection Grands Détectives »- 10/18
Des intrigues policières habilement concoctées qui livrent lentement leurs secrets avec des quiproquos invraisemblables...une belle critique de la société Suédoise tellement considérée « au dessus de tous soupçons » !

DAVID SERVAN SCHREIBER « On peut se dire adieu plusieurs fois »
Récit poignant de la dernière rechute du cancer du cerveau de cet homme, chercheur, médecin et écrivain, qui l'amène à se questionner sur la crédibilité de sa méthode décrite dans « Guérir » et « Anti cancer ». Celle-ci lui a pourtant permis de vivre 20 années avec cette maladie, mortelle dans 95 % des cas et a soutenu des milliers de personnes atteintes et trouvant dans son témoignage la force de se battre ! Pourtant, il s'interroge et remet en question ses convictions et ses croyances. A l'aube de sa mort, il dresse le bilan de son parcours, sans regret, sans culpabilité mais avec une infinie tristesse , celle de devoir abandonner, trop tôt, sa femme et ses enfants...il s'en est allé lors de l'été 2012.

IVAN THAYS « Un lieu nommé Oreille-de-chien »- Gallimard
Livre d'un double voyage, celui d'un journaliste qui part en reportage dans ce village au nom singulier, à 3000 m d'altitude dans la Cordillière des Andes et qui traverse également une période de vie difficile (deuil d'un fils et rupture amoureuse). L'histoire se situe après la chute de Fujimori et à la fin de la guerre « sale » entre le Sentier Lumineux et l'armée Péruvienne. Les paysans Indiens d'oreille de chien ont été massacré par des guerilléros et des patrouilles militaires...enterrés dans des fosses communes. Le nouveau président Tolédo choisit ce village perdu pour lancer son programme, geste politique fortement symbolique dans un pays qui persécute encore et toujours la minorité Indienne. Des tensions culturelles et ethniques tissent la toile de fond de ce récit où l'on découvre une facette cachée de ce pays et révèlent par la même, la part obscure des personnages.

LAURA  ALCOBA « Les passagers de l'Anna C »- Gallimard
Au milieu des années 60, une poignée de jeunes Argentins quittent clandestinement leur pays pour s'embarquer dans un périple devant leur permettre de rejoindre le Che Guevara. Ils passeront par Paris, Pragues puis La Havane...aux frais de la Révolution. El Loco, celui qui les avait recruté et baptisé « les 5 de la Plata » a menti sur leurs compétences et se trouve relégué à l'arrière plan par Juan Carlos, le nouvel « officier traitant ». Ils s’entraînent dur pour préparer leur « guerilla », certains ne tiendront pas le coup...Un nouveau groupe « du tropicana » voit le jour et part vers l'Amérique du Sud, à La Paz, pour entrer en action (La nocturnidad). L'auteur a composé ce roman à partir des souvenirs des rares survivants de cet incroyable voyage où l'on entend parler de Fidel et « del Commandante », simples combattants, bien avant leur impact historique. Et le Che les accompagnera jusqu'à leur retour en Argentine, sur l'Anna C, où il était Barman au temps où il travaillait comme infirmier de bord pour payer ses études de médecine.
Extrait : « Ce qui certain, c'est qu'à La Havane, mes parents ont fait leur expérience de la révolution. Qu'ils ont eu des déceptions, nombreuses. Des espors, vains. Des visions, peut-être. Et si cet homme à lunettes, au visage glabre, qui est allé leur rendre visite au milieu du mois d'octobre 1966 alors qu'ils recevaient leur initiation révolutionnaire à Pinar del rio, était le Che, El Commandante ?

PETROS MARKARIS « L'empoisonneuse d'Istanbul »- Seuil Policier
Katérina , la fille du commissaire Charitos, se marie civilement, refusant la dimension religieuse de ce sacrement et ce qui devait arriver arriva : la cérémonie tourne court et plus aucun membre de la famille ne s'adresse la parole ! Pour calmer sa femme, Adriani, « le pauvre Costa » lui offre un séjour à Istanbul. Ce sera l'occasion de nouer des contacts avec la petite communauté Grecque de la ville, Constantinople, cité perdue et tant regretée ! Mais le séjour est bientôt troublé par une affaire d'empoisonnement. Maria, une nonnagénaire aurait assassiné son frère en Grèce avant de filer en Turquie pour y poursuivre son dessein. Pour éviter tout incident diplomatique, Charitos est chargé de l'enquête en collaboration avec son homologue Turc, Murat. La méfiance ancestrale entre les 2 peuples complique la recherche de cette « tueuse acharnée », la « Chabiana » qui confectionne des « tyropitas » mortelles pour régler ses comptes avant de mourir. Cependant, la découverte de leurs différences respectives enrichies de notions historiques et politiques éclairantes, apportent aux personnages une nouvelle dimension relationnelle, tout à fait propice à l'elucidation du mystère qui les occupe.

KEIGO HIGASHINO « Le dévouement du suspect X »- Actes Sud-Actes Noirs
Yasuko Hanoaka élève seule sa fille Misato et travaille dans un snack Japonais. Autrefois, elle gagnait sa vie dans les bars de nuit, lieux sordides où elle a rencontré son mari, Togashi mais leur entente n'a pas duré. Un soir, il revient la harceler. La dispute tourne au crime...elle le tue pour protéger sa fille qu'il commençait à menacer. Leur voisin, Hishigami, a tout entendu. Secrètement amoureux d'elle, il lui propose son aide et entreprend d'élaborer un scénario très ingénieux pour mettre Yasuko et Misato hors de soupçon. L'inspecteur, Kusanagi est chargé de l'enquête et comme à son habitude, consulte son ami Yukawa, physicien qui, par le plus pur des hasards, est un ancien camarade d'université d'Hishigami. Yukawa se souvient de sa remarquable intelligence, de ses intuitions fulgurantes et de sa personnalité énigmatique. Les 2 amis se mobiliseront pour élucider le mystère de cet assassinat à la lumière de la fameuse aporie : « est il plus difficile de chercher la solution d'un problème plutôt que de vérifier sa solution ? »

DANIEL FOENKINOS « Les souvenirs »- 16/17- A vue d'oeil
L'auteur nous offre une méditation sensible sur la vieillesse, la difficulté de comprendre ses parents, l'amour, le désir de créer et la beauté du hasard. Au fil d'une histoire simple, racontée avec délicatesse et humour, il aborde la fin de vie de sa grand-mère, ses errances personnelles, la dépression de sa mère, celle de son père bien qu'elle ne soit pas reconnue, la rencontre de sa femme, la naissance de son fils...la vie quoi ! Pour chaque scène, il ajoute le récit de souvenirs qui ne lui appartiennent pas et qu'il prête parfois à d'illustres personnalités.
Extrait : « souvenir de Vincent VanGogh : Ayez plus d'espérance que de souvenirs ;ce qu'il y a de sérieux et de béni dans votre vie passée n'est pas perdu ; ne vous en occupez donc plus, vous le retrouverez ailleurs mais avancez...Il y verra presque la justification de faire table rase du passé. Il se souviendra de cette nécessité de l'oubli qui est aussi une définition de la fuit et, peut-être même d'une certaine manière, le socle de la folie».

NICOLA  AMMANIT « Moi et toi »- R.Laffont
Lorenzo est un jeune garçon pas tout à fait comme les autres mais qui fait semblant de l'être...pour faire plaisir à sa mère et pour qu'on le laisse tranquille dans son monde à lui !
Il ment à ses parents en racontant qu'il est invité à une semaine de vacances au ski par des copains et s'enferme dans la cave. Sa demi-soeur qu'il ne connait presque pas débarque. C'est une belle rencontre, mouvementée et touchante...une tranche de vie « filiale » qui témoigne de la difficulté de vivre « séparé » ou « reclus », différent et de la difficulté de grandir quand personne ne nous comprend vraiment.

MARTINE MARIE MULLER « Mademoiselle des Palissages »- 18/19- A vue d'oeil-
1er volet de la trilogie des servantes.
C'est l'histoire d'une femme engagée au service des Miromesnil, châtelains Normands sous l'ancien régime (1670) alors qu'elle est encore une enfant. Curieuse, intelligente et habile de ses doigts pour tisser les joncs, elle invente un nouveau système pour accrocher la vigne : le palissage. Elle en retire une place à part dans la hiérarchie des « petites mains » et dans la considération du maître. Elle aime en secret, Noël, un des fils du Marquis, avec lequel elle partage l'amour de la vigne, du vin et de l'ordre des choses. Néanmoins, elle reste le témoin impuissant de l'indifférence que son père lui porte et de la douleur que cela provoque chez le jeune homme. Un jour, le froid s'abat sur la région pendant 4 mois et la vigne gèle, annonçant la fin d'une époque et l'issue dramatique d'un tel cataclysme.

MURATHAN MUNGAN « Les gants et autres nouvelles »-Actes Sud
Auteur turc, dramaturge et prosateur, poète et auteur de théâtre (Quarante chambres aux trois miroirs et Tchador).
Recueil de 10 nouvelles qui dressent le portrait de ses compatriotes aux prises avec des relations affectives complexes, en pleine mutation culturelle et sociale. Un style très imagé, percutant et néanmoins léger.

KATARINA MAZETTI « Entre Dieu et moi, c'est fini »- Gaïa
Linnéa a 16 ans, plein de complexes et pas mal de questions qui lui trottent dans la tête : l'amour, le monde, l'avanir, les adultes...et seule, Pia, la comprend...sans besoin de longs discours...une belle complicité qui ne durera que 120 jours sans les WE !  Linnéa a également une grand-mère hors du commun, sans homme, institutrice à la retraite et qui tire les cartes. On retrouve l'ambiance de l'adolescence, absurde, tendre, assassine, intransigeante...Mais Pia se suicide et Linnéa souffre, elle ne comprend pas. Sur les conseils avisés de son aïeule, elle essaie d'oublier son amie disparue : « pour pouvoir oublier quelque chose, il faut d'abord bien s'en souvenir ! La mort est le prix du renouvellement pour que la vie continue ».
Dans « Les larmes de tarzan », l'auteur remet Linnéa en scène.