samedi 26 avril 2014

Visites et déambulations


A l'occasion des journées du patrimoine, j'ai visité plusieurs cases créoles à St Pierre, la Mosquée, le Musée des Arts Décoratifs de l'Océan Indien et le Domaine de Maison Rouge.

La maison Orré, résidence du prefet des TAAF (Terres Australes et Antarctiques Françaises) nous était donc ouverte. L'accès au rez de chaussée permet de comprendre comment furent construites les grandes et belles demeures créoles.Tout d'abord, un simple carré en dur auquel on ajoute des pièces latérales, un ou deux étages, une varangue à l'avant puis à l'arrière, des dépendances, souvent la cuisine à l'écart de l'habitation pour éviter les risques de propagation du feu et enfin, le jardin avec bassin et végétation luxuriante. Cette maison qui date de 1830, a été entièrement rénovée, avec des matériaux traditionnels ou équivalents, elle est sobre, de couleur bleue, flanquée d'une imposante ouverture sur la rue avec 2 portails en fer forgé et d'une allée de marches en basalte, puis de dallages en terre cuite tout autour de la maison...dommage, elle est déjà occupée!
La visite proposait également une dégustation de café Bourbon Rond après avoir observé sa préparation...au feu de bois! 




La maison Vasseur, résidence du sous-prefet... sont vraiment bien logés nos hauts fonctinnaires, construite début XIXème également et classée Monument Historique évidement! 
Ce jour, on pouvait entrer au rez de chaussée et dans l'ancienne cuisine...beaucoup plus rustique que la première, plus authentique, elle ressemble à une demeure bretonne en pierres de taille et possède des ouvertes peintes en rouge sang. Dans le jardin, une exposition de maquettes de vieux gréements confirme cette impression de "racines atlantiques" puis un défilé de figurants en costumes "lontan" apporte une touche surranée et attachante à cette découverte du patrimoine réunionnais.



La Mosquée Atyaboul Massadjid est la plus ancienne mosquée de France, inaugurée en 1913, elle fût rénovée dans les années 70. Ce lieu de culte comprend également une Madressah (école coranique aux normes de l'Education Nationale) et un centre Islamique avec des Ulémas (Imams chargés de programmer l'enseignement religieux et de préparer des ouvrages en Français). L'ensemble du site est géré par l'association des musulmans sunnites de St Pierre. 

 

Le Minaret s'élève à 42 mètres. Le toit est formé d'un grand dôme central soutenu par 4 colonnes et de 4 dômes plus petits, donnant un immense espace sous lequel on trouve la plus grande salle de prières de l'ile, « Djamaat Khana ».

Comme dans toutes les mosquées, une niche, la « Mihrâb » donne l'orientation de la Kaaba sacrée, Nord-Nord Ouest pour les musulmans Réunionnais. Les parties basses des dômes sont recouvertes de bois précieux du pays, Tamarins et Nattes, où sont calligrapphiées des chapitres et versets du Coran. Au niveau bas sont installés les bassins d'ablution « Hawz », nécessaires à la purification obligatoire précédent la prière,« Wouzou ». 

Un grenadier et un dattier sont plantés dans un patio pour rappeler la symbolique Méditerranéenne. Au niveau haut, les pratiquants disposent d'un espace d'accueil pour des causeries « religieuses » et des prières en dehors des 5 appels quotidiens, « Azaan ». Une salle de prière est réservée aux femmes, elles peuvent participer aux causeries dans les salles de la Madressah...les normes religieuses sont respectées ! A noter, l'école emploie 18 enseignants et compte 600 inscrits. Les matières enseignées sont entre autres, l'apprentissage et la psalmodie du Coran, les croyances islamiques, l'histoire, la jurisprudence et les règles islamiques...




Le MADOI et le domaine de Maison Rouge (seul domaine lié à la culture du café qui subsiste en l'état dans les DOM et classé Monument Historique) constitue un site unique et fort agréable à arpenter.
On découvre son organisation d'origine en 4 plates-formes étagées : la maison de maitre du XVIIIème, sa cour et son jardin planté de fruitiers, une caféière avec 4000 plants de Bourbon Pointu (rare donc réintroduit spécialement ici) et exploité pour sa dimension pédagogique, des cases d'esclaves en bardeaux, des bâtiments agricoles, un temple hindou construit pour les « ouvriers » et encore en activité... et des dépendances, dans lesquelles s'est installé le Musée des Arts Décoratifs de l'Océan Indien. 

Le thème de l'exposition temporaire au moment de ma visite : « L'objet qui parle...sur les traces du tigre », enrichie par l'intervention d'un maitre de conférence qui nous a guidé pendant 1H30 dans cet univers du symbole et de son expression (animaux totémiques des tentures, des vêtements et meubles, objets du bureau du Lettré, calligraphie...). Un moine poète et calligraphe illustre cette représentation du monde, SHITAO (1641-1707) avec sa théorie de l'unique trait de pinceau : « l'un nait du multiple » et le premier trait contient la totalité de l’œuvre à venir.


Pendant la semaine Créole, le Musée Agricole de Stella Matutina et Kélonia, l'Observatoire des tortues marines.



Stella Matutina , « Etoile du matin », est une ancienne usine sucrière, rachetée en 1986 par la région, elle propose aujourd'hui un musée sur la canne à sucre. L'exposition permanente retrace les étapes historiques de cette culture depuis la route des Indes jusqu'à la chaine actuelle de la fabrication du sucre en passant par l’industrialisation de son exploitation à La Réunion. C'est un bel outil pédagogique et un bel endroit de mémoire avec de nombreux supports audio et vidéo, témoignages de ceux qui ont vécu et travaillé dans la canne.


Kélonia était une ferme d'élevage de tortues marines dans les années 70 (écaille et viande). En 1977 après les accords de Washington qui interdisent toute exploitation d'espèces protégées, la ferme s'est tournée vers la recherche et la préservation des tortues marines (programme de protection, recueil des blessés, soins...). L'observatoire propose un parcours pédagogique complet avec des films, des expositions et des bassins avec un accès par en dessous pour admirer les tortues dans un environnement reconstitué...en attendant leur retour en mer.


Lors des journées du Développement Durable, le Conservatoire Botanique du Mascarin. 


Ancienne propriété de la famille De Chateauvieux, déjà préoccupée en son temps par le problème du déboisement de l'ile. A la fin du XIXème, le domaine comptait 40000 arbres d'essence variées dont des eucalyptus d'Australie et des Quinquinas plantés pour leurs vertus médicinales. A l'entrée du domaine, la maison créole et ses dépendances accueille des expositions, des salles de conférences et des évènements culturels. L'ensemble est en parfait état et ressemble au bâti Breton avec la couleur noire des pierres de taille. C'est un musée vivant en plein-air de 7 hectares qui proposent 5 collections de végétation : les « plantes lontan » pour les espèces introduites comme le café, la canne à sucre et les épices, le « verger » avec 50 espèces de fruitiers de la Réunion, les « Succulentes » qui sont des végétaux capables de s'adapter à des conditions difficiles, les « Palmiers » et la collection « Réunion » qui reconstitue la forêt semi-aride des Bas avant l'arrivée de l'homme.